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Je remarque de plus en plus -et malgré moi, que ce monde dans lequel nous évoluons épuise les gens qui ressentent intensément. Ceux qui possèdent une tendresse de coeur, les sincères, les vrais, portent un fardeau. J’entends rarement parler de ce qu’implique le fait de choisir de conserver sa douceur et son empathie dans un monde ultra froid et égoïste.
Tu débarques en donnant ta confiance quand la personne en face arrive avec des intentions cachées. Tu parles avec ton âme, tu choisis de communiquer avec clarté, et tu ne reçois en guise de réponse rien d’autre que de la confusion. Tu réalises un peu trop tard que quelqu’un utilise ton temps, ton énergie, ta personne toute entière, dans son propre et unique intérêt alors que toi tu venais avec la proposition sincère de co-construire quelque chose.
Ta sensibilité, ta vulnérabilité, sont vues comme des défauts qu’il faudrait corriger : « endurcis-toi » !
J’ai parfois l’impression de parler une langue que plus personne n’a envie de faire l’effort de comprendre. Faire preuve de clarté, de douceur, de tendresse, d’empathie, etc. - ça n’est pas sans conséquences : dans mon expérience, ça a souvent été perçu par les autres comme une faiblesse, comme un « trop » ou un « pas assez », comme une opportunité de profit ou de manipulation. Ma paix, mon silence, ont été pris pour de la passivité ou, dans bien des situations, comme un feu vert à une absence de respect.
Mais ces derniers mois m’ont fait prendre conscience que :
Si j’ai besoin d’expliquer, d’argumenter et de me justifier sans arrêt dans le but d’être entendue et comprise, alors je ne suis pas au bon endroit et dans ce cas, je choisirai toujours le silence, ma paix et ma liberté.
Si une relation peut être ruinée -ou ne serait-ce qu’abîmée, en ayant une simple conversation au sujet de mes sentiments, de mes attentes et/ou de mes limites, c’est qu’elle était déséquilibrée, n’était pas solide et très probablement pas vouée à durer dans le temps.
Ce que j’incarne peut faire peur… et faire fuir. Les relations sont des miroirs : mon intégrité (en tout cas celle vers laquelle je tends) reflète chez l’autre son hypocrisie, ma tendresse reflète sa froideur, ma vulnérabilité reflète son incapacité à s’ouvrir. Les réactions des gens ont bien plus à voir avec leur intelligence émotionnelle qu’avec ce que je représente à leurs yeux. Les actions des autres ne définissent pas ma valeur.
Certaines personnes sont tout simplement incapables de recevoir et contenir ce que j’ai à offrir, et je n’ai pas à me faire toute petite, à m’adapter non-stop pour rentrer dans la case qu’elles veulent m’attribuer.
C’est à moi de protéger mon coeur. A moi de poser mes limites, sans sentiment de culpabilité. Et surtout, c’est à moi de respecter celles-ci, de m’y tenir coûte que coûte même lorsque j’ai en face de moi quelque chose de très tentant. Poser mes limites et revenir dessus revient à m’abandonner, me trahir moi-même.
En bref : j’arrête de donner des pass VIP aux gens qui applaudissent uniquement quand je me tais et quand j’accepte leurs dysfonctionnements sans les questionner.
Je suis une empathe, une tendre, une douce, une sensible, et je ne suis pas faible. Je suis celle qui continue à aimer et donner.
Mais j’arrête de laisser mon amour servir de leçon aux personnes qui refusent d’apprendre. Je cesse de distribuer mon coeur comme s’il s’agissait d’échantillons gratuits, et de donner des bouts de mon âme à des personnes qui ne savent même pas qu’en faire.